Ces échafaudages permettent désormais à deux techniciens de travailler sous le plafond, et même au-dessus, allongés, pour atteindre les pièces de peuplier. Après les avoir traités contre les vrillettes, les experts renforcent les bois. « Nous rebouchons chaque trou d'envol à l'aide d'aiguilles et d'un système de goutte à goutte pour combler les vides par de la masse. Les résines utilisées ont été testées en laboratoire puis in situ. Tout doit être réversible », assure Elsa Ricaud.
Un appel aux dons pour accélérer la restauration de la maison Loti
Rochefort et la Fondation du patrimoine lancent une souscription pour financer la restauration de l’emblématique salle « renaissance ».
Elsa Ricaud, architecte du patrimoine chargée du chantier de la maison de l'académicien à Rochefort, et Claude Stéfani, conservateur de la maison Loti, dans la salle dite "renaissance". LP/Fabien Paillot
L’auteur de « Pêcheur d’Islande » y organisait des fêtes somptueuses et extravagantes. La restauration de la salle dite « renaissance » de la maison de Pierre Loti va débuter à Rochefort (Charente-Maritime). Pour financer en partie cette « tranche la plus imposante » d’un chantier déjà hors-norme, Rochefort et la Fondation du patrimoine lancent ce vendredi 15 octobre une troisième souscription auprès du public. Objectif : récolter 150000 euros de dons pour accompagner les travaux prévus dans cette pièce imaginée par l’écrivain-voyageur. Structure, charpente, vitraux, décors en plâtre : tout, du sol au plafond, va être consolidé et sauver d’une destruction annoncée. « La salle sera restituée dans son opulence. Loti a ici tout imaginé seul. Les parquets seront aussi restaurés comme les tapisseries », confirme Elsa Ricaud, architecte du patrimoine chargée du chantier de la maison de l’académicien.
Pierre Loti accueillait ses invités sur cet escalier en se tenant plus ou moins haut selon leur importance. LP/Fabien Paillot
« Loti voulait épater ses invités et les accueillait sur cet escalier en se tenant plus ou moins haut selon leur importance », rappelle Claude Stéfani, le conservateur de cette incroyable bâtisse, en désignant un ouvrage de pierre monumental. Les travaux attendus dans cette salle « renaissance » seraient chiffrés à près de 350000 euros. La totalité du chantier de restauration est, elle, estimée à 10 millions d’euros, hors taxes. Le plafond en bois de peuplier de la mosquée – rapporté de Syrie en 1894 par Pierre Loti – a ainsi été consolidé ces derniers mois. Cette seule étape, bientôt suivie d’une restauration en bonne et due forme, avait déjà été chiffrée à 600000 euros. En parallèle et dès le mois de novembre, des travaux de consolidation des fondations de cette demeure vont également être lancés. Ces coffrages en béton doivent créer une assise à la maison qui en était en réalité… dépourvue. « La maison Loti n’a pas de fondations et tient… par elle-même, confirme Elsa Ricaud. Nous allons en créer sous les murs. » Complexe, cette opération s’achèvera en janvier prochain.
Rochefort et la Fondation du patrimoine espèrent attirer l’adhésion du public avec cette nouvelle souscription. Les deux premières avaient permis de récolter 210000 euros de dons et contribué à mettre en lumière ce projet de restauration colossal, autant par son coût que par sa technicité. « Je n’imaginais pas en être là en 2014, au début de mon premier mandat », assure Hervé Blanché, le maire de Rochefort qui a hérité d’un monument fermé au public en 2012 pour des raisons évidentes de sécurité et de coûts de restauration insoutenables pour sa seule collectivité. « Retenez bien cette date, promet désormais l’élu : la réouverture aura lieu le 10 juin 2023. » Un siècle après le décès de Pierre Loti.
Patrimoine : en Charente-Maritime, les trésors de Pierre Loti restaurés
A Rochefort, les travaux pour sauver le plafond de la mosquée, pièce maîtresse de la maison natale de l’écrivain-voyageur, ont commencé. Le début d’un chantier hors norme.
Rochefort (Charente-Maritime), vendredi. La restauration du plafond rapporté de Syrie en 1894 par l’écrivain-voyageur Pierre Loti, qui avait créé une mosquée dans sa maison, a débuté.
C'est un chantier titanesque et l'une des restaurations patrimoniales les plus enthousiasmantes et ardues du pays. A Rochefort (Charente-Maritime), des experts se relaient même durant le confinement pour sauver la maison natale et les collections de Pierre Loti, l'écrivain-voyageur, auteur de « Pêcheur d'Islande » et de « Ramuntcho ». Ces techniciens ressuscitent actuellement la pièce maîtresse de cette demeure, le plafond en bois de peuplier de la mosquée créée par l'académicien excentrique. Cet ensemble a été rapporté de Syrie en 1894 par Pierre Loti et cloué à la charpente. Il menaçait de s'effondrer, comme la totalité de cette bâtisse du XVIIe siècle, fragilisée par les multiples interventions de l'écrivain.
« Personne ne sait comment ce plafond a pu tenir. Les clous qui le maintiennent sont rouillés et le bois a perdu 30 % de son volume, rongé par des vrillettes », confirme David Bodin, directeur de la culture de la ville de Rochefort. Les dégâts causés par ces minuscules coléoptères sont visibles à l'œil nu : des décors grignotés, rabotés et des milliers de « trous d'envol » apparaissent sur cette œuvre incroyable. « Ce plafond a été réalisé avec une technique syrienne ancestrale, l'ajami. Cela consiste à créer sur le bois des reliefs en plâtre sur lesquels sont appliquées des feuilles d'or ou d'étain et des pigments minéraux de couleur », détaille Elsa Ricaud, architecte du patrimoine chargée de ce chantier hors norme estimé à 10 millions d'euros, dont 600 000 euros rien que pour ce plafond.
Pierre Loti, lui, n'a laissé ni plan ni archive. « On sait même qu'il a menti, comme souvent, sur la provenance exacte de ce plafond, qui ne vient pas de la mosquée des Omeyyades de Damas », souligne David Bodin. Les restaurateurs ont ainsi tâtonné, étudié chaque recoin avant de sortir le grand jeu : un système d'échafaudages courant des caves jusqu'au plafond, dépassant même la toiture pour former un parapluie étanche. « Nous avons dû répartir les charges, découper certains planchers pour étayer. Cela nous a demandé trois mois de travail », souffle le directeur.
L'inauguration est espérée pour le mois de Juin 2023
Un textile sera ensuite collé sur l'envers du plafond pour le consolider définitivement puis un châssis métallique ajouté pour éviter toute chute. Ce travail de forçats achevé, les restaurateurs pourront redonner ses couleurs originelles au plafond. L'ultime opération, lorsque toute la maison et ses fondations auront été sécurisées et restaurées. L'inauguration est espérée pour le mois de Juin 2023, un siècle après le décès de Pierre Loti.
Article du 2 novembre 2020 à 10h42 Par Fabien Paillot
Visite de la maison de l’écrivain Pierre Loti
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Date de dernière mise à jour : 17/06/2022