Préserver les zones humides
« C’est essentiellement la pression de l’Homme qui porte atteinte aux zones humides »
En Anjou,Le Maine-et-Loire abrite de nombreuses zones humides d’intérêt, dont trois bénéficient d’une protection à l’échelle de la planète. Mais l’activité humaine exerce parfois une pression forte sur ces milieux sensibles. Médiateur à Terra botanica, à Angers (Maine-et-Loire), Boris Barré explique l’importance de préserver ou de restaurer les zones humides, véritables viviers de biodiversité.
Le râle des genêts est une espèce menacée qui vit dans les Basses vallées angevines.
Les zones humides font l’objet d’attentions de plus en plus marquées de la part des collectivités ou des associations, qui cherchent à les restaurer ou à les préserver. Ce qui suppose un équilibre avec certaines activités humaines. Médiateur à Terra botanica, à Angers (Maine-et-Loire), Boris Barré explique comment on peut, même chez soi, contribuer à la préservation de ces milieux fragiles.
Une zone humide, pour vous, qu’est-ce que c’est ?
Boris Barré, jardinier-médiateur à Terra botanica (Angers). On peut mettre beaucoup de choses dans la définition de ces espaces. À Angers, on y voit assez facilement une zone inondable, mais cela peut être aussi un étang, un lac, le delta d’un fleuve, un marais comme le marais poitevin, ou un marécage… Il peut s’agir de zones exploitées – comme les basses vallées angevines qui servent au pâturage – ou pas du tout.
TERRA BOTANICA
Boris Barré, chargé de médiation à Terra botanica (Angers) intervient régulièrement auprès du grand public sur le rôle essentiel des zones humides dans l’équilibre environnemental.
De nombreuses actions de restauration de zones humides sont lancées depuis quelques années. Mais qu’est-ce qui les dégrade ou leur porte atteinte ?
Essentiellement la pression humaine. Par les prélèvements d’eau ; la culture intensive ; le tourisme qui peut déranger les espèces vivant dans les zones humides ; l’élevage même d’une certaine manière. Ce n’est pas pour rien que dans les basses vallées angevines une charte de l’éleveur et de l’oiseau a été instaurée. Et puis il y a aussi l’introduction, par l’Homme, d’espèces invasives comme la tortue de Floride, la jussie, l’écrevisse américaine ou le ragondin.
Quelles sont les actions prioritaires à mener pour restaurer une zone humide ?
Souvent, cela doit débuter par des travaux de restauration du lit d’un cours d’eau. Ces dernières années, on a beaucoup curé des lits de rivière, on en a beaucoup détourné, pour faciliter l’écoulement. Mais il faut aussi des zones de stagnation de l’eau, pour qu’elle pénètre les sols. Les berges doivent être revégétalisées, les fossés reconstitués. Le démembrement, dans les années 1970, a été terrible pour cela. De manière générale, il faut se dire qu’une zone humide mal traitée jouera moins son rôle et que l’eau y circulera davantage horizontalement que verticalement, avec les conséquences que l’on sait.
Quels conseils pour des particuliers dont la propriété comporterait une zone humide ?
D’abord, éviter d’y installer des espèces toxiques, qu’elles soient végétales ou animales. Cela représente toujours un risque pour l’environnement. Par ailleurs, l’idéal est d’avoir une zone humide proposant plusieurs degrés de profondeur. Cela permettra à plusieurs variétés d’espèces de s’y développer. Les rebords ne doivent pas être trop hauts ou trop lisses, pour permettre à certains animaux, comme le hérisson, de regagner la terre ferme s’ils chutent…
À quel signe voit-on qu’une zone humide retrouve un bon état écologique ?
Les zones humides sont mal-aimées parce qu’on y trouve certaines espèces qui ne sont pas appréciées de l’Homme, mais elles sont d’une richesse folle. Le premier signe d’un retour à l’équilibre écologique est marqué par la présence de moustiques. Cela ne fait pas plaisir, bien sûr, mais c’est inévitable. Et puis les moustiques, comme leurs larves, servent de nourriture à d’autres espèces, c’est le cycle de la nature. Le second signe, plus visible, ce sont les oiseaux qui viendront s’abreuver. La première véritable récompense, c’est la réapparition de libellules. Mais le top, c’est la présence de tritons. Cet amphibien est très fragile et s’il est présent, c’est que le milieu est redevenu de qualité.
Repères
La définition. Pour résumer grossièrement, une zone humide constitue une transition, ou un tampon, entre les milieux aquatique et terrestre.
Plus précis, le code de l’environnement les définit comme des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».
Des zones d’intérêt international. Le Maine-et-Loire abrite trois zones humides concernées par la convention internationale Ramsar, qui protège les espaces considérés d’intérêt international.
Il s’agit des basses vallées angevines et des marais de Basse-Maine et de Saint-Aubin. Elles abritent notamment une espèce endémique, comme le Râle des genêts
Une protection indispensable. Depuis 2006 et la loi sur l’eau, les zones humides font l’objet de mesures de protection. Chaque projet d’aménagement doit éviter au maximum les atteintes à ces sites et, si cela s’avère impossible, prévoir une compensation des impacts négatifs. Ces mesures compensatoires prévoient la remise en état de zones humides existantes ou la création de nouvelles zones humides.
Ouest-France Olivier PAULY. Publié le 13/11/2021 à 08h03
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Date de dernière mise à jour : 24/09/2022