Château des Milandes
Le château des Milandes est un château français situé dans la commune de Castelnaud-la-Chapelle, dans le département de la Dordogne.
Le 19 août 1961, Joséphine Baker est décorée
Établi en Périgord noir dans la commune de Castelnaud-la-Chapelle, le château des Milandes domine le lit de la Dordogne d'une cinquantaine de mètres, sur une hauteur en rive gauche. Il est protégé au titre des monuments historiques.
Famille de Caumont
Le château des Milandes est bâti en 1489 et constitue alors la demeure principale des seigneurs de Caumont qui possèdent aussi le château de Castelnaud.
Le bâtiment est transformé par François de Caumont pour son épouse qui souhaite habiter un lieu moins austère et plus lumineux. Des fenêtres à meneaux couvertes de vitraux sont percées mais les tourelles, les escaliers à vis et les gargouilles, éléments architecturaux du Moyen Âge, sont conservés.
Jacques Nompar de Caumont, serviteur du roi Henri IV[1], séjourna au château de nombreuses fois.
Abandon et rachat
Vue d'une partie des constructions néo-gothiques. Joséphine Baker en 1961 au château des Milandes. Vue partielle du château avec les jardins à la française.
La Révolution française entraîne l'abandon du château qui est vendu au XIXe siècle.
Après un incendie dû au manque d'entretien, en 1900 Charles-Auguste Delbret-Claverie, industriel ayant fait fortune avec les corsets orthopédiques (qui employa 500 ouvriers), le rachète et commence à le restaurer.
Sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Henri Lafillée (1859-1947), de nouveaux éléments de style néo-gothique et néo-Renaissance sont ajoutés, comme des tours, des logis, des balcons, des balustrades agrémentées de sculptures allégoriques, et un jardin à la française est créé en 1908 par Jules Vacherot [2]. L'ensemble est complété par un chai et une ferme.
Après sa mort en 1914, sa veuve vend le château à un particulier; suite à une erreur du service du Cadastre, la chapelle du XVe siècle, qui devint temple du fait de ses seigneurs convertis au protestantisme (exercice dit "de fief"), et où en 1947 se maria - pour la quatrième fois - la nouvelle propriétaire Joséphine Baker avec le chef d'orchestre Jo Bouillon, est exclue du domaine et classée bien vacant et sans maître par l'administration fiscale après avoir été indûment attribuée à la commune; ce n'est qu'en 2018-2019 qu'elle a réintégré le domaine du château dont elle est une dépendance depuis son édification. Inscrite au titre des monuments historiques le [3], une crypte a été découverte sous cette chapelle ainsi que des fresques du XVIe siècle dont un saint Christophe haut de quatre mètres[4].
Joséphine Baker
Le château constitue la résidence de la chanteuse et meneuse de revue Joséphine Baker, qui le loue à partir de 1937 et l'achète, dix ans plus tard, avec son nouveau mari Jo Bouillon[5].
C'est à cette époque que sont installés l'eau courante, l'électricité et un système de chauffage central. Elle y développera un complexe touristique avant-gardiste, baptisé « Village du Monde », et y vivra avec ses douze enfants adoptés de neuf nationalités différentes qu'elle surnomme sa « tribu arc-en-ciel »[6].
Un épisode évoquant sa présence est raconté dans le roman de Johannes Mario Simmel On n’a pas toujours du caviar (1963).
En 1964, à la suite de problèmes financiers, la mise en vente aux enchères du château est annoncée. Malgré un répit grâce à l'intervention de Brigitte Bardot, qui lance un appel aux Français, et le refus par Joséphine Baker de l'offre pourtant apparemment avantageuse de Gilbert Trigano qui reprenait l'exploitation du complexe touristique en lui laissant l'usufruit du château, il est finalement vendu pour un cinquième de sa valeur en 1968.
Faisant jouer la loi française elle obtient un sursis qui lui permet de rester sur place jusqu'au . Cependant, alors qu'elle est en tournée, elle apprend que le nouveau propriétaire a investi les lieux. Elle s'y oppose et investit seule la cuisine dans laquelle elle se barricade, ses enfants étant confiés à sa sœur et placés dans des établissements scolaires parisiens.
Profitant d'une de ses sorties de la pièce pour aller chercher de l'eau, les ouvriers ou employés du nouveau propriétaire, qui ont pour consigne de lui faire quitter le château, referment la porte derrière elle. Elle passe la nuit sur les marches du perron et doit être transportée à l'hôpital le lendemain; cet événement tourne en sa faveur, qui obtient finalement une autorisation judiciaire de réintégration dans la cuisine.
L'« après » Joséphine Baker
Depuis Joséphine Baker, quatre familles se sont succédé au château.
Les terrasses, façades et toitures du château sont inscrites au titre des monuments historiques le [7]. Depuis 2001, le château accueille une exposition sur Joséphine Baker et des travaux de restauration sont effectués.
Le , le château, son chai, son jardin à la française et les anciennes écuries sont inscrits en totalité au titre des monuments historiques. Chaque année, des spectacles de rapaces sont présentés de juillet à la mi-octobre.
En 2001, Henry et Claude de Labarre, qui avaient une maison sur la rive opposée de la Dordogne, en face du château, l'achètent et en commencent la restauration, avant d'en confier la gestion en 2006 à leur fille, Angélique de Saint-Exupéry).
En 2013 est apposé, sur l’entrée du château le label Maisons des Illustres créé en 2010 par le ministère de la Culture et de la Communication dont l'objectif est de faire connaître des lieux ouverts au public, anciennes demeures de personnalités qui ont influencé l’Histoire.
C’est le troisième site de la Dordogne, après le château de Montaigne, à Saint-Michel-de-Montaigne, et celui de Hautefort.
https://www.wikiwand.com/fr/Ch%C3%A2teau_des_Milandes#/google_vignette
Josephine Baker Sudio Harcourt
Les Vidéos
Josephine Baker's Banana Dance
Josephine Baker performing her infamous Banana Dance at the Folies Bergère in Paris, France. 1927
Hommage à Joséphine Baker par Michèle Barbier
Appel de Brigitte Bardot pour Joséphine Baker 4 Juin 1964
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L'étonnante et terrible vie de châtelaine de Joséphine Baker
Panthéonisée le 30 novembre dernier, Joséphine Baker avait deux amours : son pays et Paris. Mais l'artiste et résistante est tombée amoureuse une troisième fois, non pas d'une ville, mais d'un château où elle a passé plus de 30 ans de sa vie. Une histoire que raconte Stéphane Bern dans "Historiquement vôtre".
https://www.europe1.fr/culture/letonnante-et-terrible-vie-de-chatelaine-de-josephine-baker-4084192
On ne l'imagine pas vraiment en châtelaine. Et pourtant : de 1937 à 1969, c’est bien dans le Périgord, au Château des Milandes, dans la commune de Castelnaud-la-Chapelle, que Joséphine Baker élève sa fameuse famille arc-en-ciel, cette tribu d'enfants de toutes origines, adoptés avec son époux, le chef d'orchestre Jo Bouillon. Joséphine Baker coule des jours heureux dans cette splendide bâtisse de la Renaissance qui domine la Dordogne depuis plus de cinq siècles, pleine de rires et d'enfants…
Cette demeure, elle l'a, au fil des années, entièrement réaménagée pour accueillir aussi ses amis, et parfois tout le village. Comme lorsqu'elle invite les enfants de Castelnaud pour fêter Noël, autour d’un immense sapin. Joséphine Baker voulait faire de ce château celui d'un conte de fées. Un conte dont elle était la reine bienveillante. La sixième femme à entrer au Panthéon était bel et bien une reine ! Pas par la naissance, mais par cette vie hors du commun. Une reine, oui, et par trois fois même.
Des débuts météoriques
Reine de la scène d'abord. Et Dieu sait qu'elle s'est battue pour occuper cette place. Elle qui est née Freda Josephine McDonald, bien loin des scènes parisiennes, a vu le jour en 1906, à Saint-Louis, dans le Missouri. Elle qui ne sait pas qui est son père et qui a grandi comme elle pouvait avec sa mère, son frère et ses deux sœurs. Mais la petite Joséphine a le talent dans la peau. Elle danse, elle chante, elle transpire la joie de vivre.
A 14 ans, elle est là pour saisir sa chance lorsqu'elle remplace une danseuse du ballet de Saint-Louis, où elle travaille comme couturière. La suite est météorique : après Saint-Louis, on la retrouve à Chicago. Après Chicago, c'est Broadway ! Et à 18 ans, c'est le Graal : voilà Joséphine de l'autre côté de l’Atlantique, à Paris, au beau milieu des années folles !
"Bonheur absolu et complet" à Paris
Nous sommes en 1925. C'est l'époque de la "Vénus noire", celle qui enflamme les planches en dansant le charleston vêtue d'un simple pagne qui lui sert aussi à moquer les idées reçues de cette France des colonies qui certes, ne pratique pas la ségrégation sur son sol comme aux Etats-Unis, mais qui ne recule guère devant les pires clichés raciaux.
Du Théâtre des Champs-Elysées, Joséphine Baker passe aux Folies Bergères où son guépard apprivoisé provoque quelques frissons dans le public, à moitié terrorisé, à moitié fasciné par les danses de Joséphine Baker et par son physique élancé et fin, qui émoustillent les peintres cubistes. L'année suivante, c'est le Casino de Paris et son tube absolu, J'ai deux amours.
Joséphine Baker "J'ai deux amours" (live officiel) | Archive INA
18 avril 1968 Joséphine BAKER chante en direct "J'ai deux amours" devant un décor de Tour Eiffel lumineuse. Elle porte une longue robe de music-hall et une coiffe en plumes. Émissions TV, Archive tv, Archive television, tv replay live, live music, french tv Images d'archive INA Institut National de l'Audiovisuel
Cette chanson lui assure à jamais l'affection des Français. Ce coup de foudre, elle en reparlera plus tard, dans un discours qu'elle prononce en 1954 : "Je savais, ce jour brumeux, quand le paquebot a quitté le port de New-York, que je trouverais le soleil à mon arrivée en France […] Ici je me sens libre et heureuse de vivre et, au moment où l'on trouve le bonheur absolu et complet, on peut dire avec conviction : ceci est mon pays."
Une reine de l'espionnage
Reine de la scène donc, et reine de l'espionnage ensuite, lorsque les années sombres succèdent aux Années folles. Naturalisée française en 1937, après son mariage éphémère avec l'industriel Jean Lion, Joséphine Baker est approchée dès le début de la guerre par les services du contre-espionnage français. En 1939, elle se rend sur le front et chante pour les soldats pendant la Drôle de guerre.
A Paris, Baker multiplie les concerts, distribue de la nourriture et des vêtements à ceux qui n'ont rien. Après la défaite de 1940, Joséphine n'hésite pas un instant et s'engage aux côtés de la France Libre. Elle a le profil idéal : c'est une vedette qui passe sa vie à fréquenter des personnalités, des diplomates et des officiels. Alors à chaque tournée, à chaque gala, de Marrakech au Caire, de Beyrouth à Damas, Joséphine tend l'oreille, écoute et transmet à Londres les informations qu'elle parvient à capter.
C'est courageux, risqué. Et rocambolesque aussi, parfois. Comme à Lisbonne, quand elle cache dans son soutien-gorge un microfilm truffé de noms d'espions nazis. Celle qui a rejoint le Panthéon le 30 novembre dernier a pris place parmi ses pairs résistants comme Jean Moulin, René Cassin, Pierre Brossolette ou Germaine Tillion.
Reine de la scène et reine de l'espionnage, Joséphine Baker a été aussi, toute sa vie et de toute son âme, une reine engagée contre ce racisme qu'elle connaissait bien. La petite fille est née dans une Amérique où les Noirs n'avaient pas le droit d'étudier dans les mêmes écoles, ni de boire aux mêmes robinets que les Blancs. Cette Amérique où l'on interdisait les parcs des enfants blancs aux chiens et aux personnes de couleur.
Les Milandes, un château qui la mène à la ruine
Baker s'est engagée en France avec la Croix Rouge et aux Etats-Unis aux côtés de Martin Luther King. Le 28 août 1963, à Washington, elle est aux côtés du pasteur, devant le Lincoln Memorial, quand il prononce son célèbre "I have a dream". Et quand elle prend la parole ce jour-là, c'est dans son uniforme, celui de l'armée de l'air française, avec ses décorations : médaille de la résistance, croix de guerre et légion d'honneur. Cette légion d'honneur qu’elle a reçu au château des Milandes, chez elle, en 1961. Mais les contes de fée sont parfois cruels : personne ne le sait encore, mais Joséphine Baker est sur le point de tout perdre… A commencer par son château.
Locataire pendant dix ans, Joséphine Baker a fini par acheter les Milandes en 1947 avec son mari, le compositeur Jo Bouillon. Le couple partageait une ambition, un rêve : faire de cette demeure un refuge, un havre de paix, un lieu sûr où personne ne jugerait quiconque sur sa couleur de peau ou ses croyances. La famille y a vécu des jours heureux pendant toutes ces années. Mais voilà, Joséphine Baker a vu trop grand et n'a jamais regardé à la dépense.
Petit à petit, sans qu'elle ne s'en rende compte, elle y engloutit toute sa fortune, trompée par des indélicats qui profitent d'elle. Son divorce, en 1957, n'aide pas. Mais Joséphine s'acharne pour donner vie à ce "village du monde" dont elle rêve. En 1964, criblée de dettes, Baker annonce la vente du château, qui est repoussée de justesse grâce à l'intervention de Brigitte Bardot, bouleversée par l'appel à l'aide de Joséphine. Le sursis est de courte durée. En 1968, les Milandes sont vendues pour une misère.
Lorsqu'elle revient de tournée, Joséphine Baker trouve porte close et finit par se barricader dans la cuisine. Mais le nouveau propriétaire la fait expulser du château dans des conditions particulièrement brutales. Ruinée, Joséphine Baker peut heureusement compter sur ses amis : Jean-Claude Brialy d'abord, qui l'abrite à Paris, puis Grace de Monaco qui l'accueille plusieurs années sur le Rocher.
Ecoutez l'album "Succès et raretés" de Joséphine Baker en entier sur Youtube
Battante comme elle l'a toujours été, Joséphine Baker multiplie les galas à Paris, à Belgrade, à Londres ou à New-York. A force de travail et d'acharnement, elle revient sur le devant de la scène, plus aimée que jamais. En mars 1975, pour ses cinquante ans de carrière, elle entame une série de spectacles à Bobino, où elle fait tous les soirs salle comble. Mais elle est épuisée.
Le 9 avril, après 14 représentations, Joséphine Baker rentre dans son appartement parisien où elle s'effondre soudain, victime d'une attaque cérébrale. Transportée d'urgence à l'hôpital, la star ne sortira jamais du coma. Le 12 avril, à 68 ans, Joséphine Baker s'éteint. On enterre alors la première icône noire de la scène française au cimetière marin de Monaco, où son corps repose depuis.
Il y reposera d'ailleurs toujours, puisqu'au Panthéon seul son nom sera présent sur un cénotaphe, un cercueil qui contient uniquement de la terre des quatre endroits symboliques où Joséphine Baker a passé le plus clair de sa vie : St-Louis, Paris, Monaco et évidemment les Milandes et son Château en Dordogne, où son souvenir lui est, pour toujours, bien présent.
https://www.europe1.fr/culture/letonnante-et-terrible-vie-de-chatelaine-de-josephine-baker-4084192
Date de dernière mise à jour : 31/07/2022