La manufacture Rondinaud
Visite privée de la manufacture des charentaises Rondinaud
LE PARISIEN WEEK-END-Le 11 mars 2019 à 12h50
(Florence Joubert pour Le Parisien Week-End).
Fini l’époque où on ne les voyait qu’aux pieds de nos grands-pères. Motifs originaux, couleurs flashy...
Les chaussons ultra-confort de la manufacture RoPar Airy Aubry
D'un côté de la paisible route départementale 6, un vaste champ bordé d'arbres. De l'autre, un long bâtiment à la façade vieillissante, derrière laquelle se perpétue un savoir-faire ancien : la fabrication de la célèbre charentaise, inventée au XVIIe siècle dans la région qui lui donna son nom. Bienvenue dans la commune de Rivières, en Charente donc, berceau de la manufacture Rondinaud.
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Une renaissance
En 1907, Théophile Rondinaud se lance dans la fabrication de ses confortables chaussons en feutre de laine. La manufacture connaît son heure de gloire dans les années 1970 : quelque 1 300 personnes y travaillent.
Une prospérité mise à mal par l'arrivée sur le marché de la concurrence chinoise. Les ventes s'effondrent.
En février 2018, l'entreprise est placée en redressement judiciaire. Quatre mois plus tard, la voilà qui revit, notamment sous l'impulsion de Stéphane Baleston, qui prend la direction de la société et de trois autres maisons de la région, elles aussi spécialisées dans les chaussons, pour créer La Manufacture Charentaise. « Regrouper des savoir-faire qui font la fierté de la Charente est une force. Pour nous, il était important de conserver ce patrimoine », résume ce dernier.
Ce tournant dans l'histoire de la manufacture s'accompagne d'un rajeunissement. Grâce à des collaborations avec des marques comme La Pantoufle à Pépère, Le Slip Français, Princesse tam.tam ou Saint James, la charentaise séduit une clientèle plus jeune, adepte du made in France.
A présent, 130 personnes oeuvrent à la production des 300 000 paires fabriquées chaque année par la manufacture, labellisée Entreprise du patrimoine vivant.
Sur l'immense plateau de production, des dizaines de chariots remplis de charentaises trônent dans les allées. Si les années ont passé, la technique, elle, reste inchangée. Ici, la main de l'homme conserve un rôle primordial.
Tout débute par la découpe, à l'aide d'un emporte-pièce, de la tige (partie extérieure qui recouvre la pantoufle) en laine.
Si le best-seller de la maison est le motif écossais, Rondinaud utilise également, pour rajeunir ses collections, des tissus argentés, à pois ou à rayures. S'ensuit la piqûre. Une dizaine d'artisans cousent l'arrière du chausson et son bord. Reste à poser la semelle en feutre. Selon la technique du « cousu retourné », cette dernière est assemblée sur l'envers du chausson – c'est là toute la spécificité de la véritable charentaise.
Puis, avec force et rapidité, un artisan assis sur un petit tabouret remet le tout à l'endroit à l'aide de deux tiges en métal, les « chèvres ». Résultat : une pantoufle souple et confortable, sans couture visible. Enfin, chauffées durant trois à quatre minutes sur des pieds en métal, les paires (de 37 à 59 euros) prennent leur forme définitive. Prêtes à réconforter tous les pieds.
La partie extérieure de la charentaise (ou tige) est découpée dans le tissu à l'aide d'un emporte-pièce. La forme est identique pour toutes les charentaises de la maison.
Les ciseaux à la main, une dizaine de couturières oeuvrent à la confection de la tige, sur laquelle un bord est cousu.Une fois la tige et la semelle assemblées, les chaussons sont retournés d'un geste rapide grâce à des baguettes en métal appelées « chèvres ».
Une salariée glisse les charentaises sur un pied afin de leur donner une forme définitive.
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Date de dernière mise à jour : 23/11/2020