Royan Ville d’Art et d’Histoire
Dix ans de label, et après??
Par Nathalie Daury-Pain
Publié le 08/03/2021-Mis à jour à 20h00
Royan a obtenu le label, il y a dix ans. S’il a contribué à changer le regard sur l’architecture d’après-guerre, que reste-t-il à accomplir ?
« Assurer la connaissance, la conservation, la protection et la valorisation du paysage, de l’architecture et du patrimoine. » Voici, entre autres, une des conditions d’attribution du label Ville d’Art et d’Histoire que Royan a décroché en 2011. La reconnaissance de l’architecture unique de Royan tenait là une forme de revanche. Car son style avant-gardiste inspiré des grands maîtres brésiliens a longtemps été méprisé par les habitants et massacré par les équipes municipales des années 80 et 90.
« La volonté était de dire stop aux dégradations, affirme Nadine David, adjointe en charge de la culture. Il fallait aussi sensibiliser les propriétaires sur les bonnes pratiques. Leur dire que les portes en PVC et les vérandas en façade ne sont plus tolérées. »
Royan aurait-il mangé son pain noir ? « Le regard des gens a beaucoup évolué. Les nouveaux habitants choisissent de vivre ici pour le bord de mer mais aussi pour l’architecture et l’ambiance qui s’en dégage, constate Charlotte de Charette, animatrice du patrimoine à la Ville de Royan. Ce n’était pas le cas, il y a 10 ans. »
Le service urbanisme de la commune, qui conseille les propriétaires pour les travaux envisagés, traite beaucoup de dossiers. « Même pour un simple ravalement, les gens ont à cœur de bien faire, ajoute l’animatrice. Et ils n’hésitent pas à mettre de la couleur sur les façades. »
Le Ciap au Palais des congrès
Pour ce qui est de la couverture médiatique, le label a rempli son office. Toutes les chaînes de télé et beaucoup de publications ont décliné, à l’envi, le style fifties, ses formes, ses couleurs, ses détails, ce « je-ne-sais-quoi » de Jacques Tati. « Quand les médias nous sollicitent, c’est à 90 %, pour l’architecture des années 50, reprend Charlotte de Charette. Et en dix ans, le nombre de livres sortis sur le sujet est impressionnant. »
Qui dit label, dit aussi pédagogie. Conférences, visites guidées, ateliers pour enfants « ces prescripteurs », se multiplient toute l’année avec un succès croissant.
Un travail qui pourra être mieux déployé grâce au Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap) qui trouvera sa place dans la future version du Palais des congrès en 2022. « Il y aura 500 m² divisés en plusieurs espaces, indique Nadine David. Une salle sera consacrée aux activités pédagogiques et deux salles d’expositions temporaire et permanente accueilleront les visiteurs pour mieux comprendre notre architecture. »
En route pour l’Unesco ?
Au terme de ces dix ans, le label doit être renouvelé par le ministère de la Culture. « Une formalité », déclare Charlotte de Charette qui en profite pour néanmoins reconnaître quelques faiblesses comme « un manque de communication autour de l’AVAP », (Aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine) qui détermine les secteurs protégés.
Et après ? Royan pourrait-elle marcher dans les traces du Havre, autre ville reconstruite, et rêver du prestigieux label Unesco ? « Ce serait un beau projet », conclut Nadine David.
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Page publiée le Mercredi 10 Mars 2021
Date de dernière mise à jour : 10/03/2021