Salonique
Edmond Chasseraud doyen d'Aigrefeuille
1873 1918
Sur les traces du caporal
Publié le 11/11/2012 à 06h00 par frédéric zabalza
L'été dernier, Catherine Simon-Goulletquer s'est rendue à la nécropole de Zeitenlick, à Thessalonique, devant la tombe du caporal Chasseraud. © Photo philippe goulletquer
L'écrivain Catherine Simon-Goulletquer a retrouvé en Thessalonique la tombe d'Edmond Chasseraud, infirmier dans l'armée française, mort le 11 novembre 1918.
L'histoire du caporal Chasseraud, relatée dans les colonnes de « Sud Ouest » le 11 novembre 2011, avait bouleversé Catherine Simon-Goulletquer. Ce n'est pas seulement le sort funeste de cet infirmier, ancien curé en Charente-Maritime, mort le 11 novembre 1918, le dernier jour du premier conflit mondial, qui avait ému l'écrivain originaire du département, lauréate du Prix littéraire des Mouettes en 2000 pour « Femme de la côte » (Geste éditions).
« Je menais justement des recherches sur cet homme. C'était le cousin de ma marraine, décédée à Saintes en 2007… un 12 novembre. Elle m'avait raconté qu'il était parti à Salonique (ou Thessalonique) durant la guerre, alors qu'il était doyen d'Aigrefeuille. J'ai demandé une copie de l'acte de décès, où il est effectivement inscrit qu'il est mort le 11 novembre 1918 à Lutra, sur l'île de Mytilène. Puis, avec Philippe, mon mari, nous avons décidé de partir là-bas pour les vacances », raconte Catherine Simon-Goulletquer.
Elle est ainsi partie sur les traces du caporal Edmond Eugène Chasseraud, né le 21 mars 1873 à Coulonges (Charente), ordonné prêtre à La Rochelle, en charge de plusieurs paroisses dans le département avant d'être mobilisé le 1er août 1914. « Il a été affecté à la 18e section d'infirmiers militaires (SIM), rattachée à Bordeaux. Mais il a très bien pu rester en Charente-Maritime, où la 18e SIM disposait d'annexes et de lits d'hôpitaux. On ne sait pas où il était jusqu'au 16 mars 1918, quand il a intégré la 15e section d'infirmiers militaires à Marseille. Il a embarqué ensuite sur le navire-hôpital " La Navarre " à Toulon pour rejoindre l'armée d'Orient. Il est arrivé un mois plus tard à Salonique, puis a été affecté à l'hôpital de Lutra le 9 juillet 1918. »
« Mystère »
Quatre-vingt-treize ans plus tard, Catherine Simon-Goulletquer et son mari ont posé le pied à leur tour sur l'île grecque. « Dès le premier soir, nous avons rencontré un couple originaire de Lutra, dont les amis nous ont amenés au petit cimetière militaire, laissé à l'abandon, où ne reste qu'une stèle. Un historien local, passionné par la France, nous a raconté que les autorités françaises étaient venues chercher les dépouilles, en 1921 ou 1922. Il n'en savait pas plus. Nous sommes retournés en France avec ce mystère. » L'écrivain ne désarme pas. Elle multiplie les contacts, avec le père Yves Blomme, curé de Puilboreau et professeur d'histoire de l'Église à la faculté de théologie de l'université catholique de l'Ouest à Angers, la mairie d'Aigrefeuille… La lumière vient finalement de Grèce. Le consul de France à Thessalonique lui révèle que le caporal disparu repose avec 72 camarades dans le carré français de la nécropole de Zeitenlick.
« Universel »
L'été dernier, le couple est donc allé sur la tombe du soldat méconnu, « pour boucler la boucle ». « Il repose au milieu de soldats d'autres confessions : musulmans, animistes… Il y a un côté universel dans ce carré », confie Catherine Simon-Goulletquer, dont la culture historique s'est considérablement enrichie au cours de cette enquête.
« D'après l'acte de décès, Edmond Chasseraud est mort " des suites d'ictère infectieux , ce qui correspond aujourd'hui à une hépatite ou à une jaunisse. On sait que beaucoup de soldats de l'armée d'Orient, notamment pendant la bataille des Dardanelles, sont morts à cause de problèmes liés au manque d'eau. D'ailleurs, l'île de Mytilène garde le souvenir de la présence française à travers les puits et les canalisations construits à cette époque, de même que les routes.
Le mystère Chasseraud est donc résolu. « Non, car il y a encore d'autres interrogations », estime l'écrivain, plongée dans l'écriture d'un livre sur ce sujet qui lui tient à coeur.
« J'aimerais savoir quel rôle précis a tenu l'hôpital de Lutra pendant la guerre, mais aussi l'île de Mytilène. Et je me demande comment cet homme d'église a pu continuer à vivre sa foi au contact des horreurs de la guerre. » Avis aux historiens ! (1)
- Catherine Simon-Goulletquer Orvault, courriel
- catherine.goulletquer@neuf.fr
http://www.sudouest.fr/2012/11/11/sur-les-traces-du-caporal-875241-1391.php
Catherine Simon-Goulletquer lauréate du Prix littéraire des Mouettes en 2000 pour
« Femme de la côte » (Geste éditions).
http://www.gesteditions.com/recits/temoignages/femme-de-la-cote
Commentaires sur le Journal Sud Ouest
pepsicat il y a 40 mois - 13/11/2012 à 18h52
Mon grand père (qui m'a élevée comme sa fille) était pendant la grande guerre à Salonique, dans le détroit des Dardanelles, en Macédoine, à Constantinople..... il était dans le Génie Militaire de l'Armée d'Orient, réalisant des ponts, des voies ferrées... combien de souvenirs votre aventure évoque, combien d'anecdotes m'ont étaient contées, la votre est une de plus dans mes souvenirs.
Il y a 40 mois - 12/11/2012 à 08h45
voir aussi l'article de sud ouest de l'an dernier ARTICLE DU 11 NOV 2011
http://www.sudouest.fr/2011/11/11/mort-le-11-novembre-1918-550254-1220.php
Date de dernière mise à jour : 09/07/2021