Épître à Timoléon Audry 1874
EPITRE A TIMOLÉON AUDRY PAR
LE Dr E. GÉLINEAU
J. TESSIER
IMPRIMERIE DE SURGÈRES
1874
La lecture de l’Epitre à Timoléon Audry que le docteur Jean-Baptiste Edouard Gélineau a écrit le 2 Juillet 1874 comporte quelques paragraphes où il décrit l’ambiance des réceptions que Timoléon organisait dans sa propriété du Gué près de Virson.Le docteur Gélineau fut médecin à Aigrefeuille d’Aunis.
Quand au déclin du jour le voyageur lassé,
Sent ralentir son pas sur la route poudreuse,
Il s'asseoit au sommet de la côte rocheuse,
Et voit avec bonheur le chemin dépassé ;
Puis, cherchant du regard le bas de la colline,
Dans l'ombre il aperçoit la modeste chaumine
Où la branche de houx se balançant dans l'air,
Au pauvre piéton montre un asile ouvert !
« Le jour baisse, dit-il, je marche dès l'aurore,
« Je sens à mes tourments la soif se joindre encore ;
« Mais courage, l'espoir quand on arrive au but
« Doit nous faire oublier les soucis du début!
« Là-bas, je vais trouver bon accueil et bon gîte,
« Là-bas, j'apaiserai cette soif qui m'irrite,
« Je pourrai rafraîchir mes pieds endoloris,
« Sur un lit reposer ces membres allahguis. »
Il dit et ranimé par cette douce image,
Il se redresse, il sent bien moins le poids de l'âge;
Ces chères visions ranimant son esprit
Ont fait le soir moins lourd et moins sombre la nuit.
« Encore quelques jours, et mon pèlerinage
« Sera fini, dit-il. Dans un lointain mirage
« Je cesserai de voir le foyer paternel
« Auquel, pauvre exilé, j'aspire.comme au ciel!
« Oui, j'y retrouverai les tendresses absentes
« De mes soeurs, des enfants aux mains si caressantes!
« Assis près de l'aïeule aux longs cheveux d'argent,
« J'oublierai les revers, les soucis du présent,
Fin page 1
Mais souvent bannissant toute mélancolie,
Virson est pris d'assaut par l'aimable folie ;
Accourus à ta voix, quelques joyeux amis
Parcourent tes jardins, animent ton logis!
Cheveux blonds, cheveux.noirs frôlent les barbes grises,
Tous parlent à la fois... Ainsi dans nos églises
Le fausset de l'enfant et, la basse d'airain,
Sans se mêler pourtant, résonnent au lutrin....
Et chacun d'être heureux, on cause...., on rit....;du reste,
Complète liberté dans ta demeure agreste!
L'un pour philosopher cherche un secret réduit ;
Un refrain favori par un autre est redit ;
Un troisième, à l'anguille, a déclaré la guerre
Et l'apporte en triomphe à la chef cuisinière ;
Fin Page 7
Deuxieme paragraphe de la page 8
Ah! si jamais l'envie, ô cher Timoléon,
Soupçonnait ta vertu, montre cet escadron
Bien fait pour émousser l'ardeur la plus épique,
Il désarçonnera la plus noire critique !
Pas besoin pour cela de mettre in nudibus
Tous leurs charmes secrets... Non, non, le temps n'est plus
Où, reine de beauté dans Athènes l'antique
Laïs au tribunal en otant sa tunique
Gagna sa cause.... Ici, de fort maigres attraits
Glaceraient, j'en suis sûr, jusqu'aux juges de paix
Page 8 dernier paragraphe
Tu viens de t’assurer que tout est sur la table
Les réchauds sont brûlants…en nombre respectable
Tu mets aux quatre coins le pétillant Varin
Et le vin de Virson que tu soignes si bien
Qu’il égale les crûs de la côte féconde
Qu’arrosent chaque jour les flots de la Gironde
Mais de causer à table on est impatient
Et chacun dit « Enfin » aux mots de ralliement
Biographie de Jean Baptiste Gélineau
Jean-Baptiste Edouard Gélineau, né à Blaye le 23 décembre 1828, décédé à Argelès-Gazost le 2 mars 1906 est un médecin neurologue français. Sa vie fut riche d'activités diverses.
Sa jeunesse dans la marine
Il étudie la médecine à l'École de médecine navale de Rochefort et participe, encore jeune étudiant, à la lutte contre l'épidémie de choléra de La Rochelle. En 1849 il est nommé interne de l'Hôpital Naval de Rochefort et en 1850 chirurgien de troisième classe dans la Marine ce qui lui permet de voyager dans les colonies françaises de l'Océan Indien, La Réunion d'abord, puis Mayotte et les autres îles de l'archipel des Comores. De cette époque date la rédaction d'un « Voyage a l'Île de la Réunion », qui ne fut publié que bien plus tard, en 1905, dans lequel il décrit la société coloniale et l'abolition de l'esclavage. On y trouve notamment la description d'Élise, une beauté créole présentée comme la maîtresse d'un jeune officier de marine, qui mit au monde un enfant mort prématurément. Cette histoire est vraisemblablement inspirée d'un épisode autobiographique.
Ses débuts en métropole
En 1858, il soutient à la faculté de Montpellier une thèse de doctorat intitulée « Aperçu Médical de I'Île de Mayotte », qui reprend les observations récoltées durant son séjour d'un an et demi dans cette île en qualité de chirurgien de seconde classe de la marine. Il se spécialise ensuite dans les maladies nerveuses et s’installe à Paris en 1861.
Son dévouement dans la lutte contre les épidémies au moment de la guerre de 1870 lui vaudra la Légion d'honneur. En 1871 il met sur le marché les « pilules du Docteur Gélineau », à base de bromure et d'arsenic, comme traitement de l'épilepsie.
Le syndrome de Gélineau
En 1880, il décrit le syndrome qui porte son nom, en introduisant le terme de « narcolepsie » (littéralement : attaques de sommeil) en 18801, un phénomène qui avait cependant été décrit trois ans plus tôt par Westphal2. Le « syndrome de Gélineau », qui consiste en l'association somnolence diurne + narcolepsie + cataplexie + hallucinations hypnagogiques a été désigné par certains auteurs comme maladie de Gélineau-Redlich, et par d’autres comme « maladie d’Adie » car William J. Adie y consacra sa thèse et un important article paru dans la revue Brain en 19263. C’est Löwenfeld qui introduisit en 1902 le terme de cataplexie4.
Ses dernières années
Gélineau fut actif dans divers domaines n'ayant pas de relation directe avec la médecine. Il fut le créateur de la Société Française des Eaux Minérales. En 1881, il fonde la Prévoyance médicale, une mutuelle confraternelle.
Il prend sa retraite en 1891, à l'âge de 72 ans et commence une nouvelle carrière comme viticulteur à Blaye, perpétuant ainsi la tradition familale. La qualité de sa production de vins de Bordeaux lui valut plusieurs médailles d'or aux expositions d'Anvers et de Paris.
Gélineau meurt le 2 mars 1906 à Argelès-Gazost, dans les Pyrénées.
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Officier d'Académie
- Commandeur du Nichan Iftikhar
- Gélineau était membre notamment de la Société de Médecine, de la Société d'Hypnologie, et de la Société Française d'Hygiène.
Œuvres
- « Un des sièges de Blaye (1580), Blaye, Brunette, 1880, 70 p. (lire en ligne)»
- « Etudes médicales sur l’île de Mayotte » (1854)
- « Histoire de Blaye » (1885)
- « Maladies et hygiène des gens nerveux » (1893)
- « Phobies » (1896)
- « Hygiène de l’oreille et des sourds » (1898)
- « Epilepsies » (1901)
- « Histoire du bagne » (1903)
- « Penseurs et savants, leurs maladies, leur hygiène » (1904)
- « Souvenirs de l’île de la Réunion » (1905), réédition, le Corridor bleu, 2014.
Références
- ↑ Gélineau J. De la narcolepsie. Gazette des hôpitaux civils et militaires.1880 ; 53 : 626-628 et 54 : 635-637
- ↑ Westphal C. Eigenthümliche mit Einschläfen verbundene Anfälle. Arch. Psychiat 1877 ; 7: 631-635
- ↑ Adie WJ. Idiopathic narcolepsy. Brain 1926 ; 49 : 257-306)
- ↑ Löwenfeld L. Über Narkolepsie. Munch. Med. Wochenschr 1902 ; 49 : 1041-1045
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_G%C3%A9lineau
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Date de dernière mise à jour : 11/05/2017