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Claude Caillé & Georges de Caunes
Il murmurait à l’oreille des singes
Publié le Vendredi 18/03/2011 à 0h00 par Thomas Brosset
Claude Caillé aimait passionnément les animaux et les singes en particulier. photo archives serge Roy S. RAY
Anecdotes et souvenirs autour de celui qui accompagna avec force l’essor du tourisme en Charente-Maritime
On ne pourra jamais évaluer avec précision l’impact du zoo de La Palmyre dans le développement du tourisme en Charente-Maritime. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne reçoit pas entre 700 000 et 800 000 visiteurs par an sans qu’il y ait des incidences sur la restauration, l’hôtellerie ou les autres sites à visiter du voisinage. Et ce, depuis 1967, ce qui correspond à quelques années près à l’explosion touristique du département. La Charente-Maritime et notamment la presqu’île d’Arvert ont bénéficié de la notoriété du zoo. Et réciproquement. Et tout cela nous ramène à Claude Caillé, l’homme qui posa son sac dans une forêt de pins pour y fonder un empire du rêve. Le sien, puis celui des quelque 300 millions de curieux qui sont venus ou revenus depuis quarante-quatre ans faire des grimaces aux chimpanzés.
Avec Georges de Caunes
À propos de grimaces, en 1989 son ami Georges de Caunes, fasciné par l’effet miroir d’un zoo, voulut se mettre de l’autre côté du décor. Sur l’île aux gibbons. Il y passa un mois d’été sous le regard amusé des touristes. Certains lui jetaient des cacahuètes. Le singe fait homme. Il ne recevait guère que la visite quotidienne de Claude, lui qui savait si bien murmurer à l’oreille des singes.
La vie de tout homme est riche d’anecdotes. Parce qu’il en profita intensément, celle de Claude Caillé en fut constellée. A l’heure où ce géant du tourisme de la Charente-Maritime disparaît (lire également en pages 10 et 11), ceux qui l’ont connu ne peuvent s’empêcher, malgré le deuil, de sourire avec une certaine tendresse aux souvenirs des années Caillé.
Jeune président du comité départemental du tourisme, Stéphane Vilain sait ce que la Charente-Maritime doit à l’homme qui vient de s’éteindre : « C’est un pan de l’histoire du tourisme en Charente-Maritime qui tombe. Mes premiers souvenirs de lui me ramènent à mon enfance. J’étais écolier aux Boucholeurs. Les sorties de fin d’année se passaient régulièrement au zoo de la Palmyre. C’est toujours lui qui recevait les classes. Il nous faisait rêver avec des histoires d’animaux. C’était vraiment un mec extraordinaire. Je me souviens d’une fois où il est entré sur l’île aux gorilles. Une femelle l’a méchamment mordu. Mais il n’a rien montré. Il s’est relevé comme si de rien n’était et est ressorti droit comme un i. Il savait que s’il trahissait le moindre signe de faiblesse, il ne pourrait jamais revenir. Il voulait rester le maître de l’île » Et Stéphane Vilain de poursuivre : « Un souvenir plus récent. L’an dernier, il y avait une réunion au Club Med à la Palmyre. Tout le monde parlait gros chiffres. Soudain, il a pris la parole. Le silence s’est fait. Il était très respecté. Et il nous a parlé… de la naissance de bébés gorilles ».
Le zoo de la Palmyre fut longtemps la locomotive du département. Jusqu’à ce que l’Aquarium de La Rochelle atteigne le même niveau de fréquentation (1). Codirectrice de l’Aquarium, Roselyne Coutant a souvent croisé Claude Caillé. « Il ne m’appelait pas Roselyne, mais Gazelle. Nous avons tellement de points communs dans notre aventure. Lui a plutôt suivi l’itinéraire de notre père à Pascal et à moi. Il a créé son entreprise familiale sans la moindre subvention et lui a fait atteindre des sommets puis l’a transmise à son fils. Le zoo et l’aquarium sont aujourd’hui les deux plus gros pôles touristiques du département. A nous deux, nous représentons 1,5 million de touristes par an. Autant que le Futuroscope. Ce sont des aventures faites de passion. Claude aimait son zoo comme un fou ».
Un parc zoologique n’est pas un lieu anodin. On y fait œuvre pédagogique en montrant des animaux. Mais des animaux privés de libertés. D’où un débat récurrent. Grand défenseur de la faune sauvage, président de la Ligue de protection des oiseaux, le Rétais Allain Bougrain-Dubourg est au cœur du débat. Il a bien connu Claude Caillé.
« L’intelligence d’évoluer »
« C’était d’abord un séducteur, porté par son enthousiasme. Mais nos premières rencontres ont plutôt été conflictuelles. C’était la grande époque, avant la convention de Washington, où l’on pouvait ramener des animaux vivants de partout. Naturellement, j’étais contre. Claude, lui, a monté son zoo grâce à ça. Mais il a eu l’intelligence d’évoluer de façon très sensible. Et le parc zoologique de la Palmyre est aujourd’hui l’un des rares à aider à la protection des espèces. Il est devenu exemplaire. Je suis très ému de sa disparition. Au fil du temps, nous avons tissé des relations d’amitié, d’affection même. Et je reste très impressionné par la façon dont il s’est remis en question ».
Quant à Françoise Delord, présidente de l’Association des parcs zoologiques de France, elle pleure « un grand bonhomme. Une personnalité puissante. Un exemple pour la profession ».
Les obsèques de Claude Caillé ont eu lieu le Jeudi 17 mars 2011, à 14 h 30 à l’église Notre-Dame de Royan.
(1) Aujourd’hui (2011), les chiffres de fréquentation sont environ de 800 000 visiteurs pour l’Aquarium et de 700 000 pour la Palmyre.
https://www.sudouest.fr/2011/03/18/il-murmur-ait-a-l-oreille-des-singes-346029-736.php
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Le souvenir de Georges de Caunes
16 mars 1976 Georges De Caunes parle de son amour pour les chiens qui ont toujours fait partie de sa vie. Il évoque notament son célèbre Berger basque Eder qui l'accompagnait partout. Insert : Un dalmatien avec son maitre SDF sur un trottoir.Archives : Photographies De Caunes et EderExtrait : Les animaux du monde, 29/03/1970 Georges Decaunes avec son chien Eder lors de son expérience sur une île déserte.BT pochette du disque "Chien mon ami" de Georges De Caunes. Images d'archive INA Institut National de l'Audiovisuel
https://www.youtube.com/watch?v=RNTaFhAO-w4
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Page publiée le 21 Nov 2019
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Date de dernière mise à jour : 21/11/2019