Saint-Trojan-les-Bains
Un cheval et son maître sur la plage du bout de l’île
Jean-Michel et Gusto ont été aperçus sur l’île d’Oléron.
© Crédit photo : Corine Pelletier
Ceux qui les ont aperçus, tôt le matin sur le viaduc, ont sans doute cru qu’ils rêvaient ! Voici quelques jours que ce curieux équipage est entré en Oléron en toute discrétion pour gagner ensuite la pointe de Gatseau, où ils se sont posés. Quelques heures avant que Jean-Michel Vallas ne reprenne la route, seul cette fois, après avoir confié Gusto à une écurie accueillante. Il a préféré prendre un covoiturage pour aller chercher, en Auvergne, le van qui leur a permis de rapatrier Gusto en toute sécurité dans ces pénates.
Jean-Michel et Gusto ne passent pas inaperçus, c’est le moins qu’on puisse dire. Si Jean-Michel, qui a un peu la dégaine du regretté Jean Ferrat, taille la route avec Gusto, ce n’est pas sur le dos de son cheval mais en cheminant à ses côtés. Car le fier destrier, digne héritier des chevaux de bât - un petit peu amélioré par le mélange génétique d’un papa Pottok et d’une maman cheval de selle Français - fait la majeure partie du boulot, puisqu’il transporte sereinement de quoi bivouaquer.
Deux aventuriers
Cela fait déjà plusieurs années que cet étonnant équipage arpente les petites routes de France, taillant la route à l’aide d’une carte de Cassini et de sentiers de randonnée. Et si cette fois-ci le bout du voyage était la corne sud de l’île d’Oléron, on peut espérer que la prochaine fois ce sera les falaises de Chassiron.
C’est que Jean Michel n’en est pas à son coup d’essai, lui qui trompe la « vieillesse » approchante en dévorant les kilomètres. Partis de Clermont Ferrand, le couple monture et meneur a cheminé cette année en suivant en partie le chemin de Compostelle. Un périple sagement mené pour épargner le cheval, qui d’après son maître et compagnon de route, dispose « d’un très bon mental, apte à traverser, sans qu’il n’hésite une seule seconde, un pont en pierre de 60 cm de large et de 30 m de long, avec 1 m d’eau courante en dessous ». Gusto va son train, avec une presque totale indifférence envers ceux qui pourraient estimer qu’il ne va pas assez vite. On est Pottok comme on pourrait être Breton, Basque ou Chaucrin !
Un cheval « froid », avec la robustesse mais sans le caractère volontiers fugueur et individualiste de son papa. « Je suis très organisé, effectue des étapes courtes pour ne pas le fatiguer et choisi soigneusement mes itinéraires, ajoute Jean-Michel. Bien que Gusto reste de marbre quand il est croisé par un 38 tonnes. »
Le plus délicat n’est pas le bivouac, puisque les deux comparses trouvent toujours une prairie accueillante pour monter la tente du bipède et planter les piquets d’enclos pour le quadrupède, mais pour aller faire courses par exemple. Car il est tout de même difficile de trouver où garer Gusto en attendant et bien sûr impossible de l’emmener faire les courses. Un vrai défi encore une fois relevé pour le randonneur en tandem, qui se dit ravi de constater qu’à 60 ans, il peut encore et toujours partir à l’aventure… Avec Gusto bien sûr !
Article de Corine Pelletier-Publié le 07/08/2021
Date de dernière mise à jour : 08/08/2021