Napoléon a fait halte à Surgères
DEPART DE NIORT Lundi 3 juillet 1815 à quatre heures du matin
Lundi 3 juillet 1815 à quatre heures du matin, le départ de Niort est déchirant. Des soldats, des civils ont couché sur le sol devant la grille de la Préfecture. « Non ! Ne partez pas !... restez avec nous ! ... »- « Laissez mes enfants. Je ne suis plus rien, voyons ! je ne suis plus rien... ».On traverse Mauzé sur le Mignon, Saint Georges du Bois, Surgères, Muron, des régions qui, asséchées par des drainages, deviennent prospères. L’arrière-pays alerté, les paysans qui achèvent la fenaison, sachant le bien qu’ont fait ces travaux sous l’Empire, viennent à travers les meules de foin le saluer sur les bords de route.
Lors de sa halte à Surgères Napoléon a visité l'Eglise
Le beau cadeau de Napoléon Bonaparte au maréchal Moncey
Napoléon Bonaparte Premier Consul par François Gérard en 1803 – gravure de Bon-Adrien Jannot de Moncey datant de 1855
En janvier 1803, Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, rachetait le château de Baillon à son frère Louis pour l’offrir à l’un de ses plus fidèles «serviteurs».
Il fera de lui l’un de ses 26 maréchaux d’Empire. Mais avant de lui octroyer ce titre en 1804, Napoléon Bonaparte avait fait un très beau cadeau au général Moncey. C’est ce que rappelle Axel Brücker dans la biographie qu’il consacre à ce dernier, récemment parue aux éditions Michalon*.
Commandant en chef des armées des Pyrénées occidentales pendant la Révolution, Moncey (Bon-Adrien Jannot de son vrai nom qui avait adopté, dans l’armée, celui de son village natal Moncey, situé dans le Doubs) s’illustra en Espagne et durant la deuxième campagne d’Italie avant que Bonaparte, alors Premier consul, ne lui confie en décembre 1801 l’organisation de la Gendarmerie nationale. Ne pouvant se rendre aussi fréquemment qu’il le souhaite dans sa propriété en Franche-Comté du fait de ses obligations parisiennes, Moncey loue alors une petite maison de campagne près de la capitale, qu’il envisage d’acheter. Il se confie à ce sujet au futur empereur dont il est l’un des proches, mais celui-ci a une tout autre idée.
L’argent pour le château comme pour son mobilier était déjà chez le notaire
Comme le raconte l’auteur, Moncey, très bon chasseur et cavalier, est fréquemment invité aux chasses que le Premier consul organise, comme à celle du frère de ce dernier, Louis Bonaparte, alors propriétaire du château de Baillon. Bien que ce domaine comprenne un jardin à la française, des pièces d’eau, un immense potager et des hectares de bois et de terres agricoles et que sa femme, Hortense de Beauharnais -la fille de Joséphine et belle-fille de Napoléon- s’y plaise beaucoup, Louis Bonaparte désire le vendre. Ce que regrette son illustre aîné qui va transformer cette décision en un moyen d’exprimer son amitié et sa gratitude à Moncey «devant l’excellence de son travail, sa fidélité et son dévouement, autant que son honnêteté légendaire», explique Axel Brücker. Lequel poursuit: «Bonaparte est étonné par ce grand serviteur du pays, qui ne demande rien pour lui. Il a remarqué le bonheur que ressentait Moncey lorsqu’il était invité à Baillon et quel merveilleux convive il y faisait. Sortant d’un conseil aux Tuileries, le Premier consul prend à part le général Moncey et lui recommande de racheter à son frère le château de Baillon. Moncey, stupéfait, réplique qu’il n’en a pas les moyens et Bonaparte, avec un grand sourire, lui répond que l’argent est déjà chez le notaire».
Quelques jours plus tard, le 21 janvier 1803, Moncey et Louis se retrouvent chez ce notaire pour signer l’acte de vente du château pour un montant de 90.000 francs. Un deuxième concerne son mobilier, qui revient au nouveau propriétaire, pour la somme de 40.000 francs. Celle-ci a, de même, déjà été versée par Napoléon. Resté dans la famille de Moncey, après sa mort en 1842, le domaine de Baillon appartient aujourd’hui à l’émir d’Abu Dhabi et président des Emirats arabes unis, le cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane.
Date de dernière mise à jour : 21/01/2022